Écritures – Asiatiques / Atelier MémorAsie avec Asiattitudes, Paris 2025

Texte original

Tu es le riz qu’on t’a donné à manger. Comme tous les riz tu as besoin d’eau pour pousser. Du moins, c’est ce qu’on croit ou ce qu’on veut te faire croire, car ce qu’on veut te faire croire, fait souvent office de vérité. Quand une personne asiatique, comme toi naît Son rapport au riz, et toujours un sujet majeur. Mais se séparent, toujours la terre de l’eau, l’eau du riz, L’humain de la terre, Comme si tu devais sentir que pour exister, Il fallait s’extraire de quelque chose d’autre encore que du corps de la mère.


Exo 2 : S’il vous semble qu’on vous reproche que vous souriez tout le temps, c’est normal.
S’il vous semble qu’on vous reproche que vous ne souriez pas assez, c’est normal. Aussi.
Le costume qu’on vous a mis vient en kit. Vous trouverez l’ombrelle et le kimono pour le prix d’un seul objet. Le maquillage vient en sus… libre à vous de vous exprimer. Yeux bridés ou pas trop. C’est le kit ultime du Yellow face. Une fois le maquillage enlevé, vous n’êtes apparemment plus comme souhaité, comme désiré, comme attendu, comme espéré. Vous redevenez l’ombre, recroquevillée, discrète. Le reste du kit est à taille unique. Le kimono va en tout type de réception, de fête, de carnaval. Qu’il soit trop grand ou trop petit, on s’en fout. Ce qui compte c’est qu’on vous repère, qu’on vous assigne, qu’on vous étiquette : A-si-a-tique. Dans la campagne, comme en ville, cela fait sensation. Le nec plus ultra, c’est l’ombrelle, que vos parents auront mis bien du temps à faire venir de Paris. Dessous, tout le monde voudra s’abriter. Une fois que vous ne la portez plus, plus personne n’est à vos côtés. Pour peu que vous ne soyez pas seul•e, bon nombre d’entre euxvoudront se « déguiser » de la même façon. C’est comme cela qu’on fait, en société.


Dictionnaire

RIZ n. m. — [ʁi]

  1. Bot. Plante annuelle de la famille des Poaceae, cultivée pour ses grains comestibles dans les régions chaudes et humides.
  2. Alim. Aliment de base dans de nombreuses cultures, notamment en Asie, associé à la subsistance, à la mémoire collective, et à la transmission intergénérationnelle.
  3. Symb. (fig.)
    Dans certaines traditions, riz désigne bien plus qu’une céréale : il devient substance identitaire, archétype nourricier et matrice symbolique.
    → Être le riz qu’on t’a donné à manger : expression désignant la manière dont une personne peut être façonnée, dès l’enfance, par des héritages alimentaires et culturels transmis comme vérités.
    → Riz et eau : association perçue comme nécessaire à la croissance, bien que cette nécessité soit parfois une croyance imposée plutôt qu’un besoin intrinsèque.
    → Séparer le riz de l’eau, l’humain de la terre : métaphore de la disjonction entre l’individu et ses origines, entre corps et culture, entre appartenance et autonomie.
    → Exister comme riz arraché à sa source : idée tragique selon laquelle l’identité se construit dans l’arrachement, au-delà de la mère, de la terre et de l’eau.

Rem. Dans certaines lettres, poèmes et récits auto-fictionnels, le riz apparaît comme le vecteur d’un double mouvement : enracinement et déracinement. Il est à la fois foyer et fracture, mémoire et exil.


Exo 3 j’imagine que

J’imagine que s’il vous semble qu’on vous reproche que vous souriez tout le temps, c’est normal.
J’imagine que s’il vous semble qu’on vous reproche que vous ne souriez pas assez, c’est normal. Aussi.
J’imagine que le costume qu’on vous a mis vient en kit. Vous trouverez l’ombrelle et le kimono pour le prix d’un seul objet. Le maquillage vient en sus… libre à vous de vous exprimer. Yeux bridés ou pas trop. C’est le kit ultime du Yellow face.
J’imagine que une fois le maquillage enlevé, vous n’êtes apparemment plus comme souhaité, comme désiré, comme attendu, comme espéré. Vous redevenez l’ombre, recroquevillée, discrète.
J’imagine que le reste du kit est à taille unique. Le kimono va en tout type de réception, de fête, de carnaval. Qu’il soit trop grand ou trop petit, on s’en fout. Ce qui compte c’est qu’on vous repère, qu’on vous assigne, qu’on vous étiquette : A-si-a-tique.
J’imagine que dans la campagne, comme en ville, cela fait sensation. Le nec plus ultra, c’est l’ombrelle, que vos parents auront mis bien du temps à faire venir de Paris. Dessous, tout le monde voudra s’abriter.
J’imagine que une fois que vous ne la portez plus, plus personne n’est à vos côtés. Pour peu que vous ne soyez pas seul•e, bon nombre d’entre eux voudront se « déguiser » de la même façon. C’est comme cela qu’on fait, en société.


Exo 4 élément perturbateur

Morceaux fragments d’écriture / étape 1
Morceaux fragments d’écrits / étape 2 : changer les paragraphes de place

Ajouter un élément :

J’imagine que une fois que vous ne la portez plus, plus personne n’est à vos côtés. Pour peu que vous ne soyez pas seul•e, bon nombre d’entre eux voudront se « déguiser » de la même façon. C’est comme cela qu’on fait, en société.

J’imagine que dans la campagne, comme en ville, cela fait sensation. Le nec plus ultra, c’est l’ombrelle, que vos parents auront mis bien du temps à faire venir de Paris. Dessous, tout le monde voudra s’abriter.


J’imagine que soudain, votre famille apparaît, avec des visages inconnus et des sourires énigmatiques. Ils vous tendent des photos jaunies, des lettres anciennes, et vous parlent dans une langue que vous ne comprenez pas, mais qui résonne en vous comme un écho lointain.


J’imagine que le reste du kit est à taille unique. Le kimono va en tout type de réception, de fête, de carnaval. Qu’il soit trop grand ou trop petit, on s’en fout. Ce qui compte c’est qu’on vous repère, qu’on vous assigne, qu’on vous étiquette : A-si-a-tique.

J’imagine que une fois le maquillage enlevé, vous n’êtes apparemment plus comme souhaité, comme désiré, comme attendu, comme espéré. Vous redevenez l’ombre, recroquevillée, discrète.

J’imagine que le costume qu’on vous a mis vient en kit. Vous trouverez l’ombrelle et le kimono pour le prix d’un seul objet. Le maquillage vient en sus… libre à vous de vous exprimer. Yeux bridés ou pas trop. C’est le kit ultime du Yellow face.

J’imagine que s’il vous semble qu’on vous reproche que vous ne souriez pas assez, c’est normal. Aussi. J’imagine que s’il vous semble qu’on vous reproche que vous souriez tout le temps, c’est normal.


Exo 5 : continuer

Dans cet instant suspendu, les frontières du temps semblent se dissoudre, et vous vous trouvez à la croisée des générations, où chaque visage inconnu devient un miroir de votre propre histoire. Les photos jaunies, ces fragments de mémoire figés dans le temps, racontent des récits silencieux de vies vécues, de rêves enfouis, de luttes. Les lettres anciennes, avec leur encre pâle et leur papier fragile, portent les murmures du passé, des mots écrits avec l’encre de l’émotion et du temps.

La langue qui vous est étrangère, et pourtant si familière, est comme une petite musique oubliée qui réveille en vous des échos d’une mémoire fantôme, vos racines profondément enfouies. Ces visages, ces voix, ces artefacts du passé ne sont pas simplement des reliques ; ils sont les porteurs d’une mémoire collective qui transcende les individus dans leur corporalité.

Dans ce moment de rencontre, vous n’êtes plus simplement spectateurice de votre propre vie. Vous comprenez que l’identité n’est pas une entité statique, mais un fleuve en constante évolution, virages, détours, circonvolutions, méandres, retournements de situation.

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